Notre métier est d’une nature profondément humaniste. Nous exerçons une véritable profession de vocation que l’on désigne souvent comme étant le plus beau métier. Mais ce professeur, qu’apporte-t-il réellement à l’élève en parallèle aux parents et en complément aux instituteurs?
Il y a pour commencer le savoir-vivre en société, le respect des règles de conduite en groupe voire le respect de l’autre. Mais aussi l’expérience gratifiante d’être traité comme tous les autres, de façon juste et équitable. S’y ajoute une organisation de travail, une rigueur générale et la gestion du temps. L’élève découvre également les attentes que les professeurs lui expriment. Sans oublier le développement du goût de l’effort permettant d’obtenir des récompenses méritées. L’élève assimile ainsi l’idée que c’est à lui de travailler pour obtenir de bons résultats. En somme, il apprend à gérer ses progrès, ses échecs, ses succès, son autonomie voire son devenir.
Pour cela, ses professeurs lui transmettent leurs savoirs, leurs savoir-faire et leurs compétences. A travers leurs explications, ils l’aident à combler ses lacunes, à progresser, à acquérir des notions nécessaires ou à bien faire les devoirs à domicile. Tout ceci sert avant tout à ce que l’apprenant maîtrise l’exercice des devoirs en classe. Tout en sachant de mieux en mieux lire, écrire et parler, les élèves apprennent également à faire des calculs de plus en plus précis. A résoudre des problèmes, analyser, déduire, argumenter, conclure, bref à comprendre le monde. Au fur et à mesure s’ouvrent à eux le domaine des sciences, de la littérature, de l’histoire, de la philosophie, de l’économie, de la musique, des arts plastiques, de la religion, du sport…
En touchant à tout cela, l’élève assimile la lecture entre les lignes, décode toute rhétorique, désamorce des « fake news », gère les « alternative facts », évite les pièges du web, bref, il apprend à maîtriser les médias. En utilisant à bon escient les outils appropriés, il sait entre-temps s’exprimer librement: la communication lui sourit dorénavant. Ses professeurs l’ont accompagné vers l’âge adulte, vers sa maturité. Désormais c’est l’acquisition d’un diplôme qui le guidera vers de futures études ou un métier d’avenir. Il est vrai que, sans professeurs, point de médecins, menuisiers, juges, pâtissiers, ingénieurs, journalistes, informaticiens, pharmaciens, banquiers, avocats etc. Ainsi, un monde sans pédagogues serait un monde sans citoyens éclairés. Pas de société juste et équilibrée sans enseignants!
Et pourtant, au lieu de recevoir respect et gratitude de la part de nos concitoyens, le professeur est sans cesse décrit comme un fainéant trop bien payé profitant au maximum de ses trop nombreuses vacances. Beaucoup de nos concitoyens font également l’amalgame entre les quelques rares collègues qui n’encadrent pas les élèves comme il se doit et le reste du corps enseignant. Mais c’est bien la classe politique qui décroche la palme au niveau des actes et des paroles dénigrants.
En effet, que dire des récentes réformes catastrophiques du technicien, de l’enseignement professionnel et de l’enseignement primaire? Que dire des nombreuses possibilités données aux élèves d’éviter, par choix personnel, l’une ou l’autre langue, décision affaiblissant particulièrement la maîtrise du français? Que dire d’une médiocre moyenne générale de 36 points permettant aux élèves de compenser une note insuffisante? Que dire de la surévaluation des compétences par rapport au savoir? Que dire du choix à la carte offert aux bacheliers de pouvoir éviter des matières à l’examen, matières qui pourront porter préjudice lors de leurs parcours d’études entamés par la suite? Que dire également de la réduction des bourses d’études?
Le statut du professeur n’est pas en reste non plus! Qui n’aurait oublié le fameux « …à partir de maintenant les professeurs ne seront rémunérés que pour du travail effectivement fourni! » que notre Premier Ministre a prononcé à la tribune de la Chambre des Députés en 2015? Nous aurions donc collectivement « volé » de l’argent dans les caisses de l’Etat?! Qui n’aurait oublié l’abolition le 15 décembre 2016 (par une loi « fourre-tout », sic!) du comité des professeurs au sein de l’enseignement secondaire? Qui n’aurait oublié les réductions de coefficients, l’introduction d’une leçon affectée d’un coefficient inférieur à 1, l’introduction d’un coefficient réducteur en classe terminale, la désarticulation des décharges d’ancienneté, l’Act 72 devant dorénavant être justifié, les conditions ainsi que le volume de la formation continue injustes par rapport aux autres fonctionnaires, la règle des 80/80/90 pour les aspirants professeurs, l’imbroglio du T.C. et cerise sur le gâteau, l’allègement outrancier du stage de professeur?
Au vu de tous ces éléments, le comité de la DNE reste absolument déterminé à redorer le blason de notre profession! Il faut en effet oeuvrer en faveur d’une prise de conscience générale de l’importance de notre métier. Et cela en se basant toujours sur des stratégies, voire des mandats exprimés lors de concertations démocratiques de la base de notre profession. Beaucoup de torts nous ont déjà été infligés, mais de nouveaux sont certainement à venir. Il ne s’agit donc pas de baisser la garde. Au contraire: un professeur averti en vaut deux! Agissons avec force et résolution par les moyens appropriés. Nous sommes, vous êtes, toutes et tous concernés. Mais sachez que dans cet effort vous pouvez compter sur notre appui!